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GOETHE EN FRANCE.

tions parues en 1840 — celle de Gérard augmentée de fragments du Second Faust, celle des deux parties par Blaze de Bury, celle d’A. de Lespin — semblent marquer le dernier effort de la période romantique pour franchir les barrières derrière lesquelles est retranchée la pensée de Goethe. De l’aventure de Marguerite, du pacte infernal avec ses conséquences, l'intérêt est un peu usé ; en attendant que l’opéra de Gounod, en 1809, confère sa forme décisive à l’épisode sentimental, on ne rencontre que des entreprises avortées ou médiocres. Alexandre Mauzin, administrateur de l’Odéon en 1848, demande à Dumas un Faust, que l’auteur d’Antony offre de faire faire par son fils. Le Gymnase donne en août 1850 un Faust et Marguerite, de M. Carré, avec Rose Chéri dans le rôle de l’héroïne. La Porte-Saint-Martin monte en octobre 1858 un drame en cinq actes et seize tableaux de Dennery, avec force ballets et séductions de décor et de mise en scène. Il n’y a point là, comme on pense, de tentative pour approcher de plus près ce que Blaze appelait

Ce livre aux sept cachets, cette riche cassette
Où l’auguste vieillard, sublime enfouisseur,
A, durant soixante ans, en la paix de son cœur,
Caché soigneusement les trésors de sa tête…

Les purs littérateurs ne témoignent pas d’une initiation plus profonde que les auteurs dramatiques à la pensée centrale de l’œuvre. Victor Fleury réunit en 1858, sous le titre de Faust et Marguerite, plusieurs scènes de l’aventure d’amour. Le prince de Polignac risque en 1859 une traduction en vers, d’abord réduite et destinée au théâtre, puis augmentée, mais à laquelle manquent encore la Scène du Broken et le Prologue sur le théâtre. C’est aussi une « adaptation à la scène française » que donne P. Ristelhuber en 1801. Poupart de Wilde, en 1863, publie une traduction en vers, plus fidèle que celle du prince de Polignac, mais