Les notions du temps et de l’espace qu’il s’était faites, il ne craignait pas de les appliquer en ce moment, selon sa coutume, à sa propre vie, à la vie universelle, enfin à l’ensemble des destinées humaines enfermées entre deux infinis.
C’était sur la fin de l’été : le crépuscule du soir étendait son voile de silence, de recueillement, de longue rêverie sur la nature. L’aspect de la campagne doucement éclairée par la dernière lueur du jour flottait devant ses yeux comme un songe qui commence. Des sons indécis et monotones venaient légèrement onduler sur le bord de son oreille.
L’horloge à chaque heure jouait un air qui s’appliquait aux paroles de l’Ave, Maria, et cet air était d’une grande suavité.
Le petit roulis qui précède l’air se fait entendre ; l’aiguille des secondes se précipite vers le nombre soixante : celle des heures touche à la neuvième.