Page:Ballin - Le Mahâbhârata, vol2.djvu/126

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52. Ce n’est pas en pleurant qu’on se réunit aux morts, ce n’est pas en pleurant qu’on trouve la mort. Pourquoi pleures-tu, puisque tel est l’arrangement naturel du monde ?

53. Le temps attire à lui tous les êtres, quelle que soit leur nature. Pour le temps, il n’y a ni ami ni ennemi, ô le plus excellent des Kourouides.

54. De même que le vent abat de tous côtés les extrémités des brins d’herbe, les êtres vivants sont soumis au pouvoir du temps, ô taureau des Bharatides.

55. Pourquoi se lamenter sur celui que le temps atteint le premier, alors que tous les êtres s’acheminent ensemble vers la mort, comme les membres d’une même caravane ?

56. Ô roi, tu ne dois pas non plus pleurer sur ceux qui ont été tués en combattant. Si les çâstras (écritures), sont dignes de foi, ils ont atteint le refuge suprême.

57. Car tous se livraient à l’étude des védas, tous observaient des vœux sévères et tous sont morts, la face tournée en avant. Pourquoi donc se lamenter (sur leur sort) ?

58. Arrivés (d’un lieu) où ils n’étaient pas visibles (avant leur naissance), ils sont retournés (dans un lieu) où ils ne le sont pas davantage. Ils ne t’appartenaient pas et tu ne leur appartenais pas .

59. Si l’on est tué, on obtient le Svarga, si l’on a tué (on acquiert) la gloire. Les deux choses sont très avantageuses, et le combat n’est jamais sans profit.

60. Indra créera, pour ceux (que tu pleures), des mondes où leurs désirs seront comblés. Certainement ils deviendront les hôtes d’Indra, ô taureau des hommes.