Page:Ballin - Le Mahâbhârata, vol2.djvu/31

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méchants, sous tes yeux même. Tout cela déchire mon cœur.

166. Comment un homme, dans ma situation, peut-il vivre un instant ici-bas ? « Drona est tué ! » cette parole des Pâñcâlas résonne (sans cesse) à mon oreille.

167. Je ne saurais vivre sans tuer Dhrishtadyoumna. Après avoir ôté la vie à mon père, il doit mourir, ainsi que (tous) les Pâñcâlas qui sont réunis.

168. Quel est (l’homme assez) dur pour n’avoir par le cœur brûlé par les lamentations du roi, dont les cuisses sont brisées, et que j’ai entendues ?

169. Qui serait assez impitoyable pour n’avoir pas les yeux remplis de larmes, après avoir entendu de telles paroles, prononcées par le roi aux cuisses rompues ?

170. Et, moi vivant, celui qui était du parti de mes amis est vaincu ! Cela accroit encore mon chagrin, comme les vagues des eaux (gonflent) la mer.

171, 172. D’où pourrait me venir le sommeil et le plaisir, à moi qui ai toujours l’esprit dirigé sur ce seul point ? Ô très puissants, je pense que les (ennemis), protégés par le Vasoudevide et par Arjouna, seraient irrésistibles pour (qui les attaquerait sans surprise), même pour le grand Indra, et je ne suis pas maître de maîtriser la colère qui s’élève (en moi).

173. Je ne vois pas, en ce monde, celui qui pourrait me détourner (de mon dessein). (Je vous ai dit) l’idée à laquelle je me suis arrêté, et ma résolution me semble bonne.

174. La défaite de mes amis et la victoire des fils de Pândou, qui m’ont été racontées par les messagers, me brûlent en quelque sorte le cœur.