milieux par sa condition sociale, sa profession, ses distractions (club, sport, etc.). Or, chaque milieu se crée sa langue propre, consistant dans une terminologie, une phraséologie conventionnelles, souvent aussi dans des formes grammaticales aberrantes. On voit dès lors le caractère de ces langues spéciales et le genre d’action qu’elles exercent sur la langue commune. Comme ces milieux particuliers se détachent sur le fond de la vie commune, leurs langues expriment non seulement ce qui est propre à telle ou telle activité, mais des choses et des actes de la vie de tous y trouvent souvent une expression nouvelle ; c’est surtout le cas pour les milieux ayant un caractère social autant que professionnel (par ex. les domestiques, les militaires, les marins, les malfaiteurs) ; il arrive donc que des choses sans relation avec ces milieux y sont désignées d’une façon particulière (par ex. celles de la vie domestique, les rapports sexuels, le mariage, la mort, etc.). De là une diversité tout à fait superflue. Ainsi la langue commerciale nous a dotés de l’expression faire faillite, et dans l’argot parisien cela s’appelle faire binelle.
En outre les langues spéciales, comme les milieux qu’elles représentent, ne sont pas séparées géographiquement comme les dialectes ;