Page:Balmont - Quelques poèmes, 1916.djvu/99

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Dans les rues, les êtres squelettiques
Broutaient avidement l’herbe maigre,
Brutes et nus, — comme un bétail :
Et les rêves s’accomplissaient en réalité.

Alourdis de pourriture, les cercueils
Aux vivants donnaient, fétide et infernale, une nourriture.
Entre les dents des morts l’on trouvait du foin !
Et devenait toute maison, un lugubre bouge…

Les tempêtes et leurs tournements abattaient les tours,
Et les cieux, dérobés de triples nues,
Transparaissaient soudain d’une rouge lueur
Et de batailles entre surnaturels guerriers !

Jamais vus, des oiseaux arrivaient.
Les aigles planèrent sur Moscou.
Aux carrefours, des vieillards, en silence, attendaient,
Qui hochaient leurs têtes chenues…