XXVII
Préférer l’intension a l’extension.
La perfection ne consiste pas dans la quantité, mais dans la qualité. De tout ce qui est très bon, il y en a toujours très peu ; ce dont il y a beaucoup est peu estimé ; et, parmi les hommes même, les géants y passent d’ordinaire pour les vrais nains. Quelques-uns estiment les livres par la grosseur, comme s’ils étaient faits pour charger les bras, plutôt que pour exercer les esprits. L’extension toute seule n’a jamais pu passer les bornes de la médiocrité ; et c’est le malheur des gens universels de n’exceller en rien, pour avoir voulu exceller en tout. L’intension donne un rang éminent, et fait un héros si la matière est sublime.
XXVIII
N’avoir rien de vulgaire.
O que celui-là avait bon goût, qui se déplaisait de plaire à plusieurs ! Les sages ne se repaissent jamais des applaudissements du vulgaire. Il y a des caméléons de goût si populaire qu’ils prennent plus de plaisir à humer un air grossier qu’à sentir les doux zéphyrs d’Apollon. Ne te laisse point éblouir à la vue des miracles du vulgaire. Les ignorants sont toujours dans l’étonnement. C’est par où la folie commune admire que le discernement du sage se désabuse.