Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/110

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La coutume veut que l’on ne commence les incantations d’Hallowe’en qu’à minuit sonnant, à l’heure où toute l’atmosphère est envahie par les êtres surhumains, et où non-seulement les spunkies, premiers acteurs du drame, mais tous les bataillons de la féerie écossaise, viennent s’emparer de leur domaine. Nos paysans, réunis à neuf heures, passèrent le temps à boire, à chanter ces vieilles et délicieuses ballades où leur langage mélancolique et naïf s’allie si bien à un rhythme saccadé, à une mélodie qui descend de quarte en quarte par des intervalles bizarres, à un emploi singulier du genre chromatique. Les jeunes filles, avec leurs plaids bariolés et leurs robes de serge, d’une admirable propreté ; les femmes, le sourire sur les lèvres ; les enfans, ornés de ce beau ruban rouge, noué sur le genou, qui leur sert de jarretières et de parure ; les jeunes gens dont le cœur battait plus vite à l’approche du moment mystérieux où la destinée allait être consultée ; un ou deux vieillards que l’ale savoureuse rendait à la joie de leurs jeunes ans, formaient un groupe plein d’intérêt, que Wilkie aurait voulu peindre, et qui aurait fait en Europe les délices de toutes les ames accessibles