Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Alors il prit sans hésiter la glace fatale ; la chandelle fut allumée, et il répéta bravement l’incantation.

« Parais donc, ma femme, » s’écria Muirland.

Aussitôt une figure pâle, couverte de cheveux d’un blond fauve, se montra sur l’épaule de Muirland. Il tressaillit, se retourna pour s’assurer que l’une des jeunes filles du canton n’était pas derrière lui pour imiter l’apparition. Mais personne n’avait osé parodier le spectre ; et quoique le miroir se fût brisé sur la terre en échappant de la main du fermier, toujours au-dessus de son épaule la même tête blanche, la même chevelure ardente se présentaient : Muirland pousse un grand cri, et tombe la face contre terre.

Vous eussiez vu alors tous les habitans du village fuir çà et là, comme les feuilles enlevées par le vent ; il ne resta plus dans cet endroit où ils s’étaient livrés naguère à leurs amusemens rustiques que les débris de la fête, le foyer à demi éteint, les pots et les cruches vides, et Muirland couché sur le gazon. Les spunkies et leurs acolytes revenaient en foule, et l’orage qui se préparait dans l’air mêlait à leur chant surnaturel ce long sifflement que les Écossais désignent