Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/126

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symétriquement rangées autour de la nef étaient des cercueils ouverts, où le mort, sur son linceul blanc, apparaissait tenant en main le cierge funéraire. Quant aux reliques suspendues au parvis, je ne m’arrêterai pas à les décrire. Tous les crimes connus en Écosse depuis vingt ans avaient concouru à parer l’église livrée aux démons.

Vous y eussiez vu la corde du pendu, le couteau de l’assassin, le débris épouvantable de l’avortement et la trace de l’inceste. Vous y eussiez vu des cœurs de scélérats noircis dans le vice, et des cheveux blancs paternels suspendus encore à la lame du poignard parricide. Muirland s’arrêta, se détourna ; la figure compagne de sa route n’avait pas quitté son poste. Un des monstres chargés du service infernal le prit par la main ; il se laissa faire. On le conduisit à l’autel ; il suivit son guide. Il était dompté. Sa force l’avait abandonné. On s’agenouilla, il s’agenouilla ; on chanta des hymnes bizarres, il n’écouta rien ; et il resta là, stupéfait, pétrifié, attendant son sort. Cependant les chants infernaux devenaient plus bruyans ; les spunkies chargés du corps de ballet tournaient plus rapidement dans leur ronde infernale ; les cornemuses criaient,