Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/105

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giste : Impertinent, Venant de Paris, Questionneur, Âge douteux, Voyageant pour son plaisir. Ce serait une innovation très-goûtée en France, que d’imiter l’Angleterre dans sa méthode de laisser les gens aller et venir selon leur bon plaisir, sans les tracasser, sans leur demander à tout moment des papiers… Je suis sans passe-port, que ferez-vous ?

— Monsieur, le procureur du roi est là, sous les tilleuls… dit le sous-préfet.

— Monsieur Marest !… vous lui souhaiterez le bonjour de ma part…

— Mais qui êtes-vous ?…

— Ce que vous voudrez que je sois, mon cher monsieur Goulard, dit l’inconnu, car c’est vous qui déciderez en quoi je serai dans cet arrondissement. Donnez-moi un bon conseil sur ma tenue. Tenez, lisez.

Et l’inconnu tendit au sous-préfet une lettre ainsi conçue :

(Cabinet).PRÉFECTURE DE L’AUBE.
« Monsieur le Sous-préfet,

« Vous vous concerterez avec le porteur de la présente pour l’élection d’Arcis, et vous vous conformerez à tout ce qu’il pourra vous demander. Je vous engage à garder la plus entière discrétion, et à le traiter avec les égards dus à son rang. »

Cette lettre était écrite et signée par le préfet.

— Vous avez fait de la prose sans le savoir ! dit l’inconnu en reprenant la lettre.

Antonin Goulard, déjà frappé par l’air gentilhomme et les manières de ce personnage, devint respectueux.

— Et comment, monsieur ? demanda le sous-préfet.

— En voulant débaucher Anicette… Elle est venue nous dire les tentatives de corruption de Julien, que vous pourriez nommer Julien l’Apostat, car il a été vaincu par le jeune