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tions d’Arcis, toutes les instructions que me donnera le comte Maxime. Je ne pouvais pas ne point avoir une bataille à livrer, je le savais bien ! Allons dîner ensemble et dressons nos batteries : il s’agit pour vous de devenir procureur du roi à Mantes, pour moi d’être préfet, et nous ne devons pas avoir l’air de nous mêler des élections, car nous sommes entre l’enclume et le marteau. Simon est le candidat d’un parti qui veut renverser le ministère actuel et qui peut réussir ; mais pour des gens aussi intelligents que nous, il n’y a qu’un parti à prendre…

— Lequel ?

— Servir ceux qui font et défont les ministères… Et la lettre que l’on m’a montrée est d’un des personnages qui sont les compères de la pensée immuable.

Avant d’aller plus loin, il est nécessaire d’expliquer quel était ce mineur, et ce qu’il venait extraire de la Champagne.


CHAPITRE XVI

CHEZ MADAME D’ESPARD


Environ deux mois avant le triomphe de Simon Giguet comme candidat, à onze heures, dans un hôtel du faubourg Saint-Honoré, au moment où l’on servit le thé chez la marquise d’Espard, le chevalier d’Espard, son beau-frère, dit en posant sa tasse et en regardant le cercle formé autour de la cheminée : — Maxime était bien triste, ce soir, ne trouvez-vous pas ?…

— Mais, répondit Rastignac, sa tristesse est assez explicable, il a quarante-huit ans ; à cet âge, on ne se fait plus d’amis ; et quand nous avons enterré de Marsay, Maxime a perdu le seul homme capable de le comprendre, de le servir et de se servir de lui…

— Il a sans doute quelques dettes pressantes, ne pour-