désagréable, c’est avec empressement que je saisis cette occasion de me rapprocher d’un homme de talent qui, dans l’affaire à laquelle j’ai été mêlé, s’est montré du dernier bien.
— Et comme mon mari lui apprenait la grande obligation que nous avions à monsieur Dorlange : — Mais c’est donc un héros, ajouta-t-il, que cet artiste ! Pour peu qu’il continue, nous ne lui irons pas à la cheville.
Dans son atelier, le col nu, ce qui lui dégage la tête qu’il a un peu forte pour le reste du corps, et vêtu d’une façon de costume oriental, dont il s’est assez heureusement avisé, monsieur Dorlange m’avait paru beaucoup mieux que dans ses habits de ville. Il faut dire pourtant que lorsqu’il s’anime en parlant, son visage semble s’illuminer, et alors, de ses yeux s’échappe un flot de ces effluves magnétiques que déjà j’avais remarquées dans nos précédentes rencontres ; comme moi, madame de la Bastie en a été très-frappée.
Je ne sais si je vous ai dit l’ambition de monsieur Dorlange, et qu’il compte se porter candidat aux prochaines élections. Ce fut là sa raison pour décliner la commande que mon mari avait été chargé de lui faire de la part de monsieur Marie-Gaston. Ce que monsieur de l’Estorade et moi avions d’abord pris pour une défaite ou pour un dessein en l’air, serait, à ce qu’il paraît, une prétention sérieuse. À table, sommé par monsieur Joseph Bridau de s’expliquer sur la créance qui devait être donnée à la réalité de ses projets parlementaires, monsieur Dorlange les a formellement maintenus. De là, pendant presque toute la durée du dîner, une allure exclusivement politique donnée à la conversation.
En des questions jusqu’ici très-étrangères à ses études, je m’attendais à trouver notre artiste, sinon absolument novice, au moins d’une très-courante médiocrité. Point du tout : sur les hommes, sur les choses, sur le passé comme sur l’avenir des partis, il eut des aperçus vraiment neufs, où rien évidemment n’était emprunté à la phraséologie quotidienne des journaux ; et tout cela dit, d’une parole vive, facile, élégante ; de telle sorte, qu’après son départ, monsieur de Ronquerolles et monsieur de l’Estorade se déclarèrent