que sur le bord de la rivière, qui, se trouvant en contre-bas du chemin public, d’ailleurs peu fréquenté, promet des trésors de calme et de solitude à qui veut venir en cet endroit rêver au bruit de ses eaux.
Mademoiselle Antonia commença par aller s’asseoir là avec un livre ; mais peut-être en souvenir du mauvais succès de son cabinet de lecture, les livres, comme elle dit, ne sont pas à sa main ; si bien que, la voyant toujours plus empêchée d’elle-même, la maîtresse de l’hôtel de la Poste eut l’idée de mettre à sa disposition un équipage de pêche très-complet, formé par son mari, mais qu’à raison de ses occupations multipliées celui-ci laisse presque constamment sans emploi.
Assez heureuse dans ses premiers essais, la jolie déportée a pris goût à cette occupation qui doit être vraiment très-attachante, vu les nombreux fanatiques qu’elle fait, et, depuis ce moment, pendant la journée presque entière, les rares passants qui traversent le pont peuvent, malgré les variations de la température encore incertaine, admirer sur le bord de l’Aube une charmante naïade en robe à volants et en chapeau de paille à grands bords, pêchant à la ligne avec la consciencieuse gravité du gamin de Paris le plus passionné.
Jusque-là tout est bien, et avec cette pêcherie, notre élection n’a encore trop rien à faire ; mais si, dans l’histoire de don Quichotte, que vous aimez, madame, à cause du bon sens et de la joyeuse raison qui débordent dans ce livre, vous voulez bien vous rappeler une aventure assez désagréable arrivée à Rossinante avec des muletiers Yanguois, vous aurez, avant que je vous l’aie contée, un avant-goût de la bonne fortune que nous a value la passion tout à coup développée chez mademoiselle Antonia.
Notre concurrent Beauvisage n’est pas seulement un ancien fabricant de bas et maintenant un maire exemplaire ; il est aussi le modèle des époux, n’ayant jamais bronché devant sa femme, qu’il respecte et admire.
Tous les soirs, par ses ordres, il est couché avant dix