moment est venu, répondit la signora Luigia. Puis elle rompit la conversation en disant : Nous en reparlerons. Ce matin, à l’heure du déjeuner, on est assez étonné de n’avoir point encore aperçu la signora, dont les habitudes sont très-matinales. La croyant malade, monsieur de Sallenauve envoie une femme, qui vient dans la maison pour faire les gros ouvrages, frapper à la porte de sa chambre. Point de réponse. De plus en plus inquiets, messieurs Marie-Gaston et de Sallenauve vont eux-mêmes s’assurer de ce qui se passe. Après avoir vainement frappé et appelé, ils se décidèrent à se servir de la clef qui est à la porte. Dans la chambre, point de gouvernante, mais à son Heu et place une lettre à l’adresse de monsieur de Sallenauve. Dans cette lettre, l’Italienne lui disait que, se sachant pour lui un embarras, elle se retire chez une de ses amies, en le remerciant de toutes les bontés qu’il a eues pour elle.
— L’oiseau se sentait des ailes, dit monsieur de l’Estorade, il avait pris sa volée.
— Telle ne fut pas la pensée de monsieur de Sallenauve, répondit la comtesse ; il la croit à mille lieues d’un mauvais mouvement d’ingratitude. Mais, avant de raconter devant les électeurs la nature de leurs relations, monsieur de Sallenauve, s’étant assuré sur place qu’il serait interrogé à ce sujet, avait eu la délicatesse de lui écrire pour savoir si cette confidence publique ne la désobligerait pas trop. Elle avait répondu à monsieur de Sallenauve qu’elle lui donnait carte blanche. En revenant, toutefois, il s’était aperçu qu’elle était triste et le traitait plus cérémonieusement qu’à l’ordinaire, d’où la conclusion pour lui que, se sentant devenue un fardeau, par un de ces coups de tête dont elle est plus que personne susceptible, elle se sera crue dans l’obligation de quitter sa maison sans vouloir que, d’aucune façon, il s’occupât de pourvoir à l’arrangement de son avenir.
— Eh bien ! bon voyage | dit monsieur de l’Estorade, et bon débarras !
— Ni monsieur de Sallenauve, ni monsieur Marie-Gaston n’ont pris la chose avec ce stoïcisme. Attendu le caractère absolu et tranché de cette femme, ils craignent quelque ré-