sueur non séchée témoignait de ses efforts, Sinot est venu nous apprendre une nouvelle qui les a mis tous d’accord ! À l’exception de cinq dissidents : Poupart, mon grand-père, Mollot, Sinot et moi, tous ont juré, comme au Jeu de Paume, d’employer leurs moyens au triomphe de Simon Giguet, de qui je me suis fait un ennemi mortel. Oh ! nous nous étions échauffés. J’ai toujours amené les Giguet à fulminer contre les Gondreville. Ainsi le vieux comte sera de mon côté. Pas plus tard que demain, il saura tout ce que les soi-disant patriotes d’Arcis ont dit de lui, de sa corruption, de ses infamies, pour se soustraire à sa protection, ou, selon eux, à son joug.
— Ils sont unanimes, dit en souriant Olivier Vinet.
— Aujourd’hui, répondit monsieur Martener.
— Oh ! s’écria Pigoult, le sentiment général des électeurs est de nommer un homme du pays. Qui voulez-vous opposer à Simon Giguet ? un homme qui vient de passer deux heures à expliquer le mot progrès !…
— Nous trouverons le vieux Grévin, s’écria le Sous-préfet.
— Il est sans ambition, répondit Pigoult ; mais il faut avant tout consulter monsieur le comte de Gondreville. Tenez, voyez, ajouta-t-il, avec quels soins Simon reconduit cette ganache dorée de Beauvisage.
Et il montrait l’avocat qui tenait le maire par le bras et lui parlait à l’oreille.
Beauvisage saluait à droite et à gauche tous les habitants qui le regardaient avec la déférence que les gens de province témoignent à l’homme le plus riche de leur ville.
— Il le soigne comme père et maire ! répliqua Vinet.
— Oh ! il aura beau le papelarder, répondit Pigoult qui saisit la pensée cachée dans le calembour du Substitut, la main de Cécile ne dépend ni du père, ni de la mère.
— Et de qui donc ?…
— De mon ancien patron. Simon serait nommé député d’Arcis, il n’aurait pas ville gagnée…
Quoi que le sous-préfet et Frédéric Marest pussent dire à Pigoult, il refusa d’expliquer cette exclamation qui leur avait justement paru grosse d’événements, et qui révélait