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CHAPITRE VIII

OÙ PARAÎT LA DOT, UNE DES HÉROÏNES DE CETTE HISTOIRE


En entrant chez Beauvisage, on trouvait devant soi un péristyle où se développait, au fond, un escalier. À droite, on entrait dans un vaste salon dont les deux fenêtres donnaient sur la place, et à gauche dans une belle salle à manger dont les fenêtres voyaient sur la rue. Le premier étage servait à l’habitation.

Malgré la fortune des Beauvisage, le personnel de leur maison se composait de la cuisinière et d’une femme de chambre, espèce de paysanne qui savonnait, repassait, frottait plus souvent qu’elle n’habillait madame et mademoiselle, habituées à se servir l’une l’autre pour employer le temps. Depuis la vente du fonds de bonneterie, le cheval et le cabriolet de Philéas, logés à l’hôtel de la Poste, avaient été supprimés et vendus.

Au moment où Philéas rentra chez lui, sa femme, qui avait appris la résolution de l’assemblée Giguet, avait mis ses bottines et son châle pour aller chez son père, car elle devinait bien que, le soir, madame Marion lui ferait quelques ouvertures relativement à Cécile pour Simon.

Après avoir appris à sa femme la mort de Charles Keller, il lui demanda naïvement son avis par un : — Que dis-tu de cela, ma femme ? — qui peignait son habitude de respecter l’opinion de Séverine en toute chose. Puis il s’assit sur un fauteuil et attendit une réponse.

En 1839, madame Beauvisage, alors âgée de quarante-quatre ans, était si bien conservée, qu’elle aurait pu doubler mademoiselle Mars. En se rappelant la plus charmante Célimène que le Théâtre-Français ait eue, on se fera une