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aux despotes, répliqua le sous-préfet. Pour vous servir, vous allez voir comment je procède !

Il sortit pour donner l’ordre à Julien de rejoindre le chariot qui retournait à Cinq-Cygne et de séduire à tout prix Anicette.


CHAPITRE XIV

OÙ LE CANDIDAT PERD UNE VOIX


En ce moment, Simon Giguet, qui venait d’achever ses courbettes en paroles à tous les gens influents d’Arcis, et qui se regardait comme sûr de son élection, vint se joindre au cercle qui entourait Cécile et mademoiselle Mollot. La soirée était assez avancée. Dix heures sonnaient. Après avoir énormément consommé de gâteaux, de verres d’orgeat, de punch, de limonades et de sirops variés, ceux qui n’étaient venus chez madame Marion, ce jour-là, que pour des raisons politiques, et qui n’avaient pas l’habitude de ces planches, pour eux aristocratiques, s’en allèrent d’autant plus promptement qu’ils ne se couchaient jamais si tard. La soirée allait donc prendre un caractère d’intimité. Simon Giguet espéra pouvoir échanger quelques paroles avec Cécile, et il la regarda en conquérant. Ce regard blessa Cécile.

— Mon cher, dit Antonin à Simon en voyant briller sur la figure de son ami l’auréole du succès, tu viens dans un moment où les gens d’Arcis ont tort…

— Très-tort, dit Ernestine à qui Cécile poussa le coude. Nous sommes folles, Cécile et moi, de l’inconnu ; nous nous le disputons !

— D’abord, ce n’est plus un inconnu, dit Cécile, c’est un comte !

— Quelque farceur ! répliqua Simon Giguet d’un air de mépris.

— Diriez-vous cela, monsieur Simon, répondit Cécile pi-