Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/130

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la Théorie de la démarche, et voici pourquoi personne jusqu’à moi ne l’avait aperçue…

Un homme devint fou pour avoir réfléchi trop profondément à l’action d’ouvrir ou de fermer une porte. Il se mit à comparer la conclusion des discussions humaines à ce mouvement qui, dans les deux cas, est absolument le même, quoique si divers en résultats. A côté de sa loge était un autre fou qui cherchait à deviner si l’œuf avait précédé la poule, ou si la poule avait précédé l’œuf. Tous deux parlaient, l’un de sa porte, l’autre de sa poule, pour interroger Dieu sans succès.

Un fou est un homme qui voit un abîme et y tombe. Le savant l’entend tomber, prend sa toise, mesure la distance, fait un escalier, descend, remonte, et se frotte les mains, après avoir dit à l’univers : « Cet abîme a dix-huit cent deux pieds de profondeur, la température du fond est de deux degrés plus chaude que celle de notre atmosphère. » Puis il vit en famille. Le fou reste dans sa loge. Ils meurent tous deux. Dieu seul sait qui du fou, qui du savant, a été le plus près du vrai. Empédocle est le premier savant qui ait cumulé.

Il n’y a pas un seul de nos mouvements, ni une seule de nos actions qui ne soit un abîme, où l’homme le plus sage ne puisse laisser sa