Page:Balzac- Traité de la vie élégante - 1922.djvu/70

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Le grand homme nous accueillit avec un ton parfait. Sa modestie acheva de nous séduire. Il parut flatté de l’apostolat que nous lui avions réservé ; mais, tout en nous remerciant, il nous déclara qu’il ne se croyait pas assez de talent pour accomplir une mission aussi délicate.

— Heureusement, nous dit-il, j’ai pour compagnons à Boulogne quelques gentlemen d’élite, conduits en France par la manière trop large dont ils concevaient à Londres la vie élégante… Honneur au courage malheureux ! ajouta— t-il en se découvrant et nous lançant un regard aussi gai que railleur. Alors, reprit-il, nous pourrons former ici un comité assez illustre, assez expérimenté, pour décider en dernier ressort des difficultés les plus sérieuses de cette vie, si frivole en apparence, et, lorsque vos amis de Paris auront admis ou rejeté nos maximes, espérons que votre entreprise présentera un caractère monumental !

Ayant dit, il nous proposa de prendre le thé avec lui. Nous acceptâmes. Une mistress élégante encore, malgré son embonpoint, étant sortie de la chambre voisine pour faire les honneurs de la théière, nous nous aperçûmes que Brummel avait aussi sa marquise de Conyngham. Alors, le nombre seul des couronnes pouvait le distinguer de son royal ami George IV.