» Cet or est dans un massif très dur… Il s’agit d’extraire cette somme, et vous n’avez que trois nuits pour y arriver. Jacqueline vous aidera… Cent mille francs serviront à payer l’établissement, cinquante mille à l’achat de la maison, et vous laisserez le reste. »
— Où ? dit Paccard.
— Dans la cave ! répéta Prudence.
— Silence ! dit Jacqueline.
— Oui, mais pour la transmission de cette charge, il faut l’agrément de la raille (la police), dit Paccard.
— On l’aura, dit sèchement Trompe-la-Mort. De quoi te mêles-tu ?…
Jacqueline regarda son neveu et fut frappée de l’altération de ce visage à travers le masque impassible sous lequel cet homme si fort cachait habituellement ses émotions.
— Ma fille, dit Jacques Collin à Prudence Servien, ma tante va te remettre les sept cent cinquante mille francs.
— Sept cent trente, dit Paccard.
— Hé bien, soit ! sept cent trente, reprit Jacques Collin. Cette nuit, il faut que tu reviennes sous un prétexte quelconque à la maison de madame Lucien. Tu monteras par la lucarne, sur le toit ; tu descendras par la cheminée dans la chambre à coucher de ta feue maîtresse, et tu placeras dans le matelas de son lit le paquet qu’elle avait fait…
— Et pourquoi pas par la porte ? dit Prudence Servien.
— Imbécile, les scellés y sont ! répliqua Jacques Collin. L’inventaire se fera dans quelques jours, et vous serez innocents du vol…
— Vive le dab ! s’écria Paccard. Ah ! quelle bonté !
— Cocher, arrêtez !… cria de sa voix puissante Jacques Collin.
Le fiacre se trouvait devant la place des fiacres du Jardin des Plantes.
— Détalez, mes enfants, dit Jacques Collin, et ne faites pas de sottises ! Trouvez-vous ce soir sur le pont des Arts, à cinq heures, et là, ma tante vous dira s’il n’y a pas contre-ordre. Il faut tout prévoir, ajouta-t-il à voix basse à sa tante. Jacqueline vous expliquera demain, reprit-il, comment s’y prendre pour extraire sans danger l’or de la profonde. C’est une opération très délicate…
Prudence et Paccard sautèrent sur le pavé du roi, heureux comme des voleurs graciés.