et de cet autre avare par esprit de famille, le petit (La) Baudraye de Sancerre ! Eh ! bien, les sentiments humains, et surtout l’avarice, ont des nuances si diverses dans les divers milieux de notre société, qu’il restait encore un avare sur la planche de l’amphithéâtre des Etudes de mœurs ; il restait Rigou ! l’avare égoïste, c’est-à-dire plein de tendresse pour ses jouissances, sec et froid pour autrui, enfin l’avarice ecclésiastique ; le moine demeuré moine pour exprimer le jus du citron appelé le bien Vivre, et devenu séculier pour happer la monnaie publique. Expliquons d’abord le bonheur continu qu’il trouvait à dormir sous son toit ?
Blangy, c’est-à-dire les soixante maisons décrites par Blondet dans sa lettre à Nathan, est posé sur une bosse de terrain, à gauche de la Thune. Comme toutes les maisons y sont accompagnées de jardins, ce village est d’un aspect charmant. Quelques maisons sont assises le long du cours d’eau. Au sommet de cette vaste motte de terre, se trouve l’église jadis flanquée de son presbytère, et dont le cimetière enveloppe, comme dans beaucoup de villages le chevet de l’église. Le sacrilége Rigou n’avait pas manqué d’acheter ce presbytère jadis construit par la bonne catholique mademoiselle Choin sur un terrain acheté par elle exprès. Un jardin en terrasse, d’où la vue plongeait sur les terres de Blangy, de Soulanges et de Cerneux situées entre les deux parcs seigneuriaux, séparait cet ancien presbytère de l’Église. Du côté opposé, s’étendait une prairie, acquise par le dernier curé, peu de temps avant sa mort et entourée de murs par le défiant Rigou. Le maire ayant refusé de rendre le presbytère à sa primitive destination, la Commune fut obligée d’acheter une maison de paysan située auprès de l’Église ; il fallut dépenser cinq mille francs pour l’agrandir, la restaurer et y joindre un jardinet dont le mur était mitoyen avec la sacristie, en sorte que la communication fut établie comme autrefois entre la maison curiale et l’église. Ces deux maisons, bâties sur l’alignement de l’église à laquelle elles paraissaient tenir par leurs jardins, avaient vue sur un espace de terrain planté d’arbres qui formait d’autant mieux la place de Blangy, qu’en face de la nouvelle Cure, le comte fit construire une Maison Commune destinée à recevoir la mairie, le logement du garde-champêtre, et cette école de frères de la Doctrine Chrétienne si vainement sollicitée par l’abbé Brossette. Ainsi, non seulement