Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/493

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vous causait bien du dégât dans vos bois ; mais aujourd’hui comment irait-elle ? Elle file du matin au soir.

Le pays était calme ; Groison faisait des rapports satisfaisants, les délits semblaient vouloir cesser. Les gardes se plaignaient cependant de trouver beaucoup de branches coupées à la serpette au fond des taillis, dans l’intention évidente de se préparer du bois pour l’hiver, et ils guettaient les auteurs de ces délits sans avoir pu les prendre. Le comte, aidé par Groison, n’avait donné les certificats d’indigence qu’aux trente ou quarante pauvres réels de la commune ; mais les maires des communes environnantes avaient été moins difficiles. Plus le comte s’était montré clément dans l’affaire de Couches, plus il avait résolu d’être sévère à l’occasion du glanage qui était dégénéré en volerie. Il ne s’occupait point de ses trois fermes affermées ; il ne s’agissait que de ses métairies à moitié, qui étaient assez nombreuses ; il en avait six, de chacune deux cents arpents. Il avait publié que, sous peine de procès-verbal et des amendes que prononcerait le tribunal de paix, il était défendu d’entrer dans les champs avant l’enlèvement des gerbes ; son ordonnance ne concernait que lui dans sa commune. Rigou connaissait le pays. il avait loué ses terres labourables par portions à des gens qui savaient enlever leurs récoltes, et par petits baux, il se faisait payer en grain. Le glanage ne l’atteignait point. Les autres propriétaires étaient paysans, et entre eux ils ne se mangeaient point. Le comte avait ordonné à Sibilet de s’arranger avec ses métayers pour couper sur les terres de chaque ferme, l’une après l’autre, en faisant repasser tous les moissonneurs à chacun de ses fermiers, au lieu de les disséminer, ce qui empêchait la surveillance. Le comte alla lui-même avec Michaud examiner comment se passeraient les choses. Groison, qui avait suggéré cette mesure, devait assister à toutes les prises de possession des champs du riche propriétaire par les indigents. Les gens des villes n’imagineraient