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TROISIÈME LIVRE


SCÈNES DE LA VIE PARISIENNE.




SPLENDEURS ET MISÈRES
DES COURTISANES.




QUATRIÈME PARTIE.

LA DERNIÈRE INCARNATION DE VAUTRIN.


— Qu’y a-t-il, Madeleine ? dit madame Camusot en voyant entrer chez elle sa femme de chambre avec cet air que savent prendre les gens dans les circonstances critiques.

— Madame, répondit Madeleine, monsieur vient de rentrer du Palais ; mais il a la figure si bouleversée, et il se trouve dans un tel état, que madame ferait peut-être mieux de l’aller voir dans son cabinet.

— A-t-il dit quelque chose ? demanda madame Camusot.

— Non, madame ; mais nous n’avons jamais vu pareille figure à monsieur, on dirait qu’il va commencer une maladie ; il est jaune, il paraît être en décomposition, et…

Sans attendre la fin de la phrase, madame Camusot s’élança hors de sa chambre et courut chez son mari. Elle aperçut le juge d’instruction assis dans un fauteuil, les jambes allongées, la tête appuyée au dossier, les mains pendantes, le visage pâle, les yeux hébétés, absolument comme s’il allait tomber en défaillance.

— Qu’as-tu, mon ami ? dit la jeune femme effrayée.

— Ah ! ma pauvre Amélie, il est arrivé le plus funeste événement… J’en tremble encore. Figure-toi que le procureur géné-