Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/504

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qui a fait le tour de l’écorce au pied, et il se baissa, prit l’écorce et la leva :

— Tenez, voyez quel travail !….

— Il y a beaucoup de vers dans votre forêt, dit Blondet.

En ce moment, Michaud aperçut à quelques pas une tache rouge et la tête de son lévrier. Il poussa un soupir :

— Les gredins ! madame avait raison !…

Blondet et Michaud allèrent voir le corps, et trouvèrent que, selon les observations de la comtesse, on avait tranché le cou à Prince, et pour l’empêcher d’aboyer, on l’avait amorcé avec un peu de petit salé qu’il tenait entre sa langue et le voile du palais.

— Pauvre bête, elle a péri par où elle péchait !

— Absolument comme un prince, répliqua Blondet.

— Il y avait là quelqu’un qui ne voulait pas être surpris par moi, dit Michaud, et qui conséquemment faisait un délit grave ; mais je ne vois point de branches ni d’arbres coupés.

Blondet et le garde se mirent à fureter avec précaution, regardant la place où ils posaient un pied avant de le poser. A quelques pas, Blondet montra un arbre devant lequel l’herbe était foulée, abattue, et deux creux marqués.

— Il y avait là quelqu’un d’agenouillé, et c’était une femme ; car les jambes d’un homme ne laisseraient pas, à partir des deux genoux, une aussi ample quantité d’herbe couchée ; voici le dessin de la jupe…

Le garde examina le pied de l’arbre et trouva le travail d’un trou commencé ; mais point ce ver de peau forte, luisante, squameuse, formée de points bruns, terminé par une extrémité déjà semblable à celle des hannetons, et dont il a déjà la tête, les antennes, les pattes et deux crocs nerveux avec lesquels il coupe les racines.

— Mon cher, je comprends maintenant la grande quantité d’arbres morts que j’ai remarqués ce matin de la terrasse du château et qui m’a fait venir ici pour chercher la cause de ce phénomène. Les vers se remuent ; mais c’est vos paysans qui sortent du bois…

Le garde laissa échapper un juron, et il courut, suivi de Blondet, rejoindre la comtesse, en la priant d’emmener sa femme avec elle. Il prit le cheval de Joseph, qu’il laissa regagner le château à pied, et il disparut avec une excessive rapidité pour couper le chemin à la femme qui venait de tuer son chien, et la surprendre