Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 18.djvu/560

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Boulevard était noir de chapeaux et battu par plus de bottes que de bottines ;

Ou, quand vous rentrez, elle dit : « ─ Ce n’est rien, c’est Monsieur ! » au lieu de : « ─ Ah ! c’est Adolphe ! » qu’elle disait avec un geste, un regard, un accent qui faisaient penser à ceux qui l’admiraient : Enfin, en voilà une heureuse ! (Cette exclamation d’une femme implique deux temps : celui pendant lequel elle est sincère, celui pendant lequel elle est hypocrite avec : « — Ah ! c’est Adolphe. » Quand elle s’écrie : « ─ Ce n’est rien, c’est Monsieur ! » elle ne daigne plus jouer la comédie.)

Ou, si vous revenez un peu tard (onze heures, minuit), elle… ronfle !!! odieux indice !

Ou, elle met ses bas devant vous… (Dans le mariage anglais, ceci n’arrive qu’une seule fois dans la vie conjugale d’une lady ; le lendemain, elle part pour le continent avec un captain quelconque, et ne pense plus à mettre ses bas.)

Ou… mais restons-en là.

Ceci s’adresse à des marins ou maris familiarisés avec la connaissance des temps.





LE TAON CONJUGAL.


Eh bien ! sous cette ligne voisine d’un signe tropical sur le nom duquel le bon goût interdit de faire une plaisanterie vulgaire et indigne de ce spirituel ouvrage, il se déclare une horrible petite misère ingénieusement appelée le Taon Conjugal, de tous les cousins, moustiques, taracanes, puces et scorpions, le plus impatientant, en ce qu’aucune moustiquaire n’a pu être inventée pour s’en préserver. Le Taon ne pique pas sur-le-champ : il commence à tintinnuler à vos oreilles, et vous ne savez pas encore ce que c’est.

Ainsi, à propos de rien, de l’air le plus naturel du monde, Caroline dit : ─ Madame Deschars avait une bien belle robe, hier…

— Elle a du goût, répond Adolphe sans en penser un mot.

— C’est son mari qui la lui a donnée, réplique Caroline en haussant les épaules.

— Ah !