Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/14

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JOSEPH.

Rien.

VAUTRIN, à part.

Il devient aussi par trop honnête homme. Peut-être croit-il ne rien savoir ? Quand on cause pendant cinq minutes avec un homme, on en tire toujours quelque chose. (Haut.) Où sommes-nous ici ?

JOSEPH.

Chez madame la duchesse, et voici ses appartements ; ceux de M. le duc sont ici au-dessous la chambre de leur fils unique le marquis est au-dessus, et donne sur la cour.

VAUTRIN.

Je t’ai demandé les empreintes de toutes les serrures du cabinet de M. le duc, où sont-elles ?

JOSEPH, avec hésitation.

Les voici.

VAUTRIN.

Toutes les fois que je voudrai venir ici, tu trouveras une croix faite à la craie sur la porte du jardin ; tu iras l’examiner tous les soirs. On est vertueux ici, les gonds de cette porte sont bien rouillés ; mais Louis XVIII ne peut pas être Louis XV ! Adieu, mon garçon ; je viendrai la nuit prochaine. (À part.) Il faut aller rejoindre mes gens à l’hôtel de Christoval.

JOSEPH, à part.

Depuis que ce diable d’homme m’a retrouvé, je suis dans des transes…

VAUTRIN, revenant.

Le duc ne vit donc pas avec sa femme ?

JOSEPH.

Brouillés depuis vingt ans.

VAUTRIN.

Et pourquoi ?

JOSEPH.

Leur fils lui-même ne le sait pas.

VAUTRIN.

Et ton prédécesseur, pourquoi fut-il renvoyé ?

JOSEPH.

Je ne sais, je ne l’ai pas connu. Ils n’ont monté leur maison que depuis le second retour du roi.

VAUTRIN.

Voici les avantages de la société nouvelle : il n’y a plus de liens