Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/195

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GIRONE.

Ameuter ? Sommes-nous des chiens ?

ESTEBAN.

Les magistrats de Barcelone ont rendu une sentence en faveur de maîtres Coppolus et Carpano, qui leur donne privilége sur vos inventions. Où donc est notre privilége, à nous ?

GIRONE.

Je ne sors pas d’ici sans mon argent.

FONTANARÈS.

Quand vous resterez ici, y trouverez-vous de l’argent ? d’ailleurs, restez, bonsoir.

(Il prend son chapeau et son manteau.)
ESTEBAN.

Oh ! vous ne sortirez pas sans nous avoir payés.

(Mouvement chez les ouvrièrs pour barrer la porte.)
GIRONE.

Voici une pièce que j’ai forgée, je la garde.

FONTANARÈS.

Misérable ! (Il tire son épée.)

LES OUVRIERS.

Oh ! nous ne bougerons pas.

FONTANARÈS, fondant sur eux.

Oh !… (Il s’arrête et jette son épée.) Peut-être Avaloros et Sarpi les ont-ils envoyés pour me pousser à bout. Je serais accusé de meurtre et pour des années en prison. (Il s’agenouille devant la madone.) Ô mon Dieu ! le talent et le crime seraient-ils donc une même chose à tes yeux ? Qu’ai-je fait pour souffrir tant d’avanies, tant d’insultes et tant d’outrages ? Faut-il donc d’avance expier le triomphe ? (Aux ouvriers.) Tout Espagnol est maître dans sa maison.

ESTEBAN.

Vous n’avez pas de maison. Nous sommes ici au Soleil-d’Or ; l’hôte nous l’a bien dit.

GIRONE.

Vous n’avez pas payé votre loyer, vous ne payez rien !

FONTANARÈS.

Restez, mes maîtres ! j’ai tort : je dois.