Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/21

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LE DUC.

Je ne réponds plus de votre fils, Madame.

LA DUCHESSE.

Avez-vous bien pesé cette menace ?

LE DUC.

Vous devez me connaître.

LA DUCHESSE.

Mais vous ne me connaissez pas, vous ! Vous ne répondez plus de mon fils ? eh bien ! prenez garde au vôtre. Albert me répond des jours de Fernand. Si vous surveillez mes démarches, je ferai surveiller les vôtres ; si vous avez la police du royaume, moi, j’aurai mon adresse et le secours de Dieu ! Si vous portez un coup à Fernand, craignez pour Albert. Blessure pour blessure ! Allez !

LE DUC.

Vous êtes chez vous, Madame, je me suis oublié. Daignez m’excuser, j’ai tort.

LA DUCHESSE.

Vous êtes plus gentilhomme que votre fils ; quand il s’emporte, il ne s’excuse pas, lui !

LE DUC, à part.

Sa résignation jusqu’à ce jour était-elle de la ruse ? Attendait-on le moment actuel ? Oh ! les femmes conseillées par les bigots font des chemins sous terre comme le feu des volcans ; on ne s’en aperçoit que quand il éclate. Elle a mon secret, je ne tiens plus

son enfant, je puis être vaincu.

(Il sort.)

Scène X.

les mêmes, excepté LE DUC.
MADEMOISELLE DE VAUDREY.

Louise, vous aimez l’enfant que vous n’avez jamais vu, vous haïssez celui qui est sous vos yeux. Ah ! vous me direz vos raisons de haine contre Albert, à moins que vous ne teniez plus à mon estime ni à ma tendresse.

LA DUCHESSE.

Pas un mot de plus ce sujet.

MADEMOISELLE DE VAUDREY.

Le calme de votre mari, quand vous manifestez votre aversion pour votre fils, est étrange.