Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/228

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DON FRÉGOSE.

Chère Faustine !

FAUSTINE.

Chère ?

DON FRÉGOSE.

Oui, bien chère, et maintenant et toujours ! Dès cet instant, il ne me reste de Frégose qu’un pauvre vieillard qui sera malheureusement bien vengé par ce terrible artisan. Ma vie à moi est finie. Ne me renvoyez point ces tableaux que j’ai eu tant de bonheur à vous offrir. (À part.) Elle en aura bientôt besoin. (Haut.) Ils vous rappelleront un homme de qui vous vous êtes joué, mais qui le savait et qui vous pardonnait ; car dans son amour, il y avait aussi de la paternité.

FAUSTINE.

Si je n’étais pas si furieuse, vraiment, don Frégose, vous m’attendririez ; mais il faut savoir choisir ses moments pour nous faire pleurer.

DON FRÉGOSE.

Jusqu’au dernier instant, j’aurai tout fait mal à propos, même mon testament.

FAUSTINE.

Eh bien ! si je n’aimais pas, mon ami, votre touchant adieu vous vaudrait et ma main et mon cœur ; car sachez-le, je puis encore être une noble et digne femme.

DON FRÉGOSE.

Oh ! écoutez ce mouvement vers le bien, et n’allez pas, les yeux fermés, dans un abîme.

FAUSTINE.

Vous voyez bien que je puis toujours être marquise de Frégose.

(Elle sort en riant.)

Scène XX.

FRÉGOSE, seul.

Les vieillards ont bien raison de ne pas avoir de cœur.


Fin du quatrième acte.