Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/253

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ANTOINE.

Je n’ai pas peur, Dieu merci !… mes réponses au juge d’instruction ont été solides ; je n’ai pas compromis M. Jules, comme les traîtres qui l’ont dénoncé.

JUSTINE.

Mademoiselle du Brocard, qui doit avoir de fameuses économies, pourrait le faire sauver, avec tout son argent.

ANTOINE.

Ah ! ouin !… depuis l’évasion de Lavalette, c’est impossible ! ils sont devenus extrêmement difficiles aux portes des prisons, et ils n’étaient pas déjà si commodes… M. Jules la gobera, voyez-vous ; ça sera un martyr. J’irai le voir.

(On sonne. Antoine sort.)
JUSTINE.

Il l’ira voir ! quand on a connu quelqu’un, je ne sais pas comment on a le cœur de… Moi, j’irai à la cour d’assises ; ce pauvre enfant, je lui dois bien cela.


Scène II.

DUPRÉ, ANTOINE, JUSTINE.
ANTOINE, à part, voyant entrer Dupré.

Ah ! l’avocat. (Haut.) Justine, allez prévenir madame. (À part.) L’avocat ne me paraît pas facile. (Haut.) Monsieur, y a-t-il quelque espoir de sauver ce pauvre M. Jules ?

DUPRÉ.

Vous aimez donc beaucoup votre jeune maître ?

ANTOINE.

C’est si naturel !

DUPRÉ.

Que feriez-vous pour le sauver ?

ANTOINE.

Tout, Monsieur !

DUPRÉ.

Rien !

ANTOINE.

Rien !… Je témoignerai tout ce que vous voudrez.

DUPRÉ.

Si l’on vous prenait en contradiction avec ce que vous avez déjà dit, et qu’il en résultât un faux témoignage, savez-vous ce que vous risqueriez ?