Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/33

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LE MARQUIS.

Avant de partir, ne puis-je voir ma mère, pour la supplier de prendre mes intérêts auprès d’Inès qui doit la venir voir ce matin ?

LE DUC.

Demandez si elle est visible, je l’attends moi-même. (Le marquis sort.) Tout m’accable à la fois ; hier l’ambassadeur me demande où est mort mon premier fils ; cette nuit, sa mère croit l’avoir retrouvé ; ce matin, le fils de Juana Mendès me blesse encore ! Ah ! d’instinct la princesse le devine. Les lois ne peuvent jamais être impunément violées, la nature n’est pas moins impitoyable que le monde. Serai-je assez fort, même avec l’appui du roi, pour conduire les événements ?


Scène VII.

LE MARQUIS, LA DUCHESSE DE MONTSOREL, LE DUC.
LA DUCHESSE.

Des excuses ! Mais, Albert, je suis trop heureuse. Quelle surprise vous venez embrasser votre mère avant d’aller au château, uniquement par tendresse. Ah ! si jamais une mère pouvait douter de son fils, cet élan, auquel vous ne m’avez pas habituée, dissiperait toute crainte, et je vous en remercie, Albert. Enfin nous nous comprenons.

LE MARQUIS.

Ma mère, je suis heureux de ce mot-la ; si je paraissais manquer à un devoir, ce n’était pas oubli, mais la crainte de vous déplaire.

LA DUCHESSE, apercevant le duc.

Eh quoi ! vous aussi, monsieur le duc, comme votre fils, vous vous êtes empressé… Mais c’est une fête aujourd’hui que mon lever.

LE DUC.

Et que vous aurez tous les jours.

LA DUCHESSE, au duc.

Ah ! je comprends… (Au marquis.) Adieu ! le roi devient sévère pour sa maison rouge, je serais désespérée d’être la cause d’une réprimande.