Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/429

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GERTRUDE, à part.

Oh! non! non!... pour son honneur, qu’il ignore toujours la vérité! (Haut.) Coupable pour tout le monde, à vous, je vous dirai jusqu’à mon dernier soupir que je suis innocence, et que quelque jour la vérité sortira de deux tombes, vérité cruelle, et qui vous prouvera que vous aussi vous n’êtes pas exempt de reproches, que vous aussi, peut-être à cause de vos haines aveugles, vous êtes coupable.

LE GÉNÉRAL.

Moi! moi!... Oh! ma tête se perd... vous osez m’accuser. (Apercevant Pauline.) Ah!... ah!... mon Dieu!


Scène XI.

Les précédents, PAULINE, appuyée sur FERDINAND.
PAULINE.

On m’a tout dit! Cette femme est innocente du crime dont elle est accusée. La religion m’a fait comprendre qu’on ne peut pas trouver le pardon là-haut, en ne le laissant pas ici-bas. J’ai pris à Madame la clef de son secrétaire, je suis allée chercher moi-même le poison, j’ai déchiré moi-même cette feuille de papier pour l’envelopper, car j’ai voulu mourir.

GERTRUDE.

Oh! Pauline! prends ma vie, prends tout ce que j’aime... Oh! docteur, sauvez-la !

LE JUGE.

Mademoiselle, est-ce la vérité?

PAULINE.

La vérité?... les mourants la disent...

LE JUGE.

Nous ne saurons décidément rien de cette affaire-là.

PAULINE, à Gertrude.

Savez-vous pourquoi je viens vous retirer de l’abîme où vous êtes? c’est que Ferdinand vient de me dire un mot qui m’a fait sortir de mon cercueil. Il a tellement horreur d’être avec vous dans la vie, qu’il me suit, moi, dans la tombe, où nous reposerons ensemble, mariés par la mort.