Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/237

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reau, il vous laissera sa place quand il aura fait sa pelote, et moi je boulotterai, protégé par vous, jusqu’à ma retraite.

BIXIOU.

Finaud ! Mais par quels moyens comptez-vous mener à bien une entreprise où il s’agit de forcer la main au ministre, et d’expectorer un homme de talent ? Entre nous, Rabourdin est le seul homme capable de la Division, et peut-être du Ministère. Or il s’agit de mettre à sa place le carré de la sottise, le cube de la niaiserie, la Place Baudoyer !

DUTOCQ (se rengorgeant).

Mon cher, je puis soulever contre Rabourdin tous les Bureaux ! vous savez combien Fleury l’aime ? eh ! bien, Fleury le méprisera.

BIXIOU.

Être méprisé par Fleury !

DUTOCQ.

Il ne restera personne au Rabourdin : les employés en masse iront se plaindre de lui au ministre, et ce ne sera pas seulement notre Division, mais la Division Clergeot, mais la Division Bois-Levant et les autres Ministères…

BIXIOU.

C’est cela ! cavalerie, infanterie, artillerie et le corps des marins de la Garde, en avant ! Vous délirez, mon cher ! Et moi, qu’ai-je à faire là-dedans ?

DUTOCQ.

Une caricature mordante, un dessin à tuer un homme.

BIXIOU.

Le paierez-vous ?


DUTOCQ.

Cent francs.

BIXIOU (en lui-même).

Il y a quelque chose.

DUTOCQ. (continuant).

Il faudrait représenter Rabourdin habillé en boucher, mais bien ressemblant, chercher des analogies entre un bureau et une cuisine, lui mettre à la main un tranche-lard, peindre les principaux employés des ministères en volailles, les encager dans une immense souricière sur laquelle on écrirait : Exécutions administratives, et il serait censé leur couper le cou un à un. Il y aurait des oies, des canards à têtes conformées comme les nôtres, des portraits va-