Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/259

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PHELLION (d’un air modeste).

Peut-être.

BIXIOU (le regardant).

Votre diamant est mal accroché, il va tomber. Eh ! bien, vous ne connaissez pas le cœur humain, vous n’êtes pas plus avancé là-dedans que dans les environs de Paris.

POIRET (bas à Vimeux).

Les environs de Paris ? Je croyais qu’il s’agissait de monsieur Rabourdin.

BIXIOU.

Le bureau Rabourdin parie-t-il en masse contre moi ?

TOUS.

Oui.

BIXIOU.

Du Bruel, en es-tu ?

DU BRUEL.

Je crois bien. Il est dans notre intérêt que notre chef passe, alors chacun dans notre bureau avance d’un cran.

THUILLIER.

D’un crâne (bas à Phellion). Il est joli, celui-là.

BIXIOU.

Je gagerai. Voici ma raison. Vous la comprendrez difficilement, mais enfin je vous la dirai tout de même. Il est juste que monsieur Rabourdin soit nommé (il regarde Dutocq) ; car en lui, l’ancienneté, le talent et l’honneur sont reconnus, appréciés et récompensés. La nomination est même dans l’intérêt bien entendu de l’Administration. (Phellion, Poiret et Thuillier écoutent sans rien comprendre et sont comme des gens qui cherchent à voir clair dans les ténèbres.) Eh ! bien, à cause de toutes ces convenances et de ces mérites, en reconnaissant combien la mesure est équitable et sage, je parie qu’elle n’aura pas lieu. Oui ! elle manquera comme ont manqué les expéditions de Boulogne et de Russie, où le génie avait rassemblé toutes les chances de succès ! Elle manquera comme manque ici-bas tout ce qui semble juste et bon. Je joue le jeu du diable.

DU BRUEL.

Qui donc sera nommé ?

BIXIOU.

Plus je considère Baudoyer, plus il me semble réunir les