Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/304

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nation nouvelle, avait agité les deux Divisions. On savait le nombre des employés mis à la retraite, mais on ignorait leurs noms. On supposait bien que Poiret ne serait pas remplacé, on ferait l’économie de sa place. Le petit La Billardière s’en était allé. Deux nouveaux surnuméraires arrivaient ; et, circonstance effrayante ! ils étaient fils de députés. La nouvelle jetée la veille dans les Bureaux, au moment où les employés partaient, avait imprimé la terreur dans les consciences. Aussi, pendant la demi-heure d’arrivée, y eut-il des causeries autour des poêles. Avant que personne ne fût arrivé, Dutocq vit des Lupeaulx à sa toilette ; et, sans quitter son rasoir, le Secrétaire-général lui jeta le coup d’œil du général intimant un ordre.

— Sommes-nous seuls ? lui dit-il.

— Oui, monsieur.

— Hé ! bien, marchez sur Rabourdin en avant et ferme ! vous devez avoir gardé une copie de son état.

— Oui.

— Vous me comprenez : Indè iræ ! Il nous faut un tolle général. Sachez inventer quelque chose pour activer les clameurs…

— Je puis faire faire une caricature, mais je n’ai pas cinq cents francs à donner…

— Qui la fera ?

— Bixiou !

— Il aura mille francs, et sera Sous-Chef sous Colleville qui s’entendra avec lui.

— Mais il ne me croira pas.

— Voulez-vous me compromettre, par hasard ? Allez, ou sinon rien, entendez-vous ?

— Si monsieur Baudoyer est directeur, il pourrait prêter la somme…

— Oui, il le sera. Laissez-moi, dépêchez-vous, et n’ayez pas l’air de m’avoir vu, descendez par le petit escalier.

Pendant que Dutocq revenait au Bureau le cœur palpitant de joie, en se demandant par quels moyens il exciterait la rumeur contre son Chef sans trop se compromettre, Bixiou était entré chez les Rabourdin pour leur dire un petit bonjour. Croyant avoir perdu, le mystificateur trouva plaisant de se poser comme ayant gagné.

BIXIOU (imitant la voix de Phellion).

Messieurs, je vous salue, et vous dépose un bonjour collectif.