Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/308

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Baudoyer est trop bête pour réussir par des moyens semblables ! Agréez mon compliment, messieurs, vous êtes sous un illustre chef. (Il sort.)

POIRET.

Je quitterai le ministère sans avoir jamais pu comprendre une seule phrase de ce monsieur-là. Qu’est-ce qu’il veut dire avec ses têtes tombées ?

FLEURY.

Parbleu ! les quatre sergents de la Rochelle, Berton, Ney, Caron, les frères Faucher, tous les massacres !

PHELLION.

Il avance légèrement des choses hasardées.

FLEURY.

Dites donc qu’il ment, qu’il blague ! et que dans sa gueule le vrai prend la tournure du vert-de-gris.

PHELLION.

Vos paroles sont hors la loi de la politesse et des égards que l’on se doit entre collègues.

VIMEUX.

Il me semble que si ce qu’il dit est faux, on nomme cela des calomnies, des diffamations, et qu’un diffamateur mérite des coups de cravache.

FLEURY (s’animant).

Et si les Bureaux sont un endroit public, cela va droit en Police correctionnelle.

PHELLION (voulant éviter une querelle, essaie de détourner la conversation).

Messieurs, du calme. Je travaille à un nouveau petit traité sur la morale, et j’en suis à l’âme.

FLEURY (l’interrompant).

Qu’en dites-vous, monsieur Phellion ?

PHELLION (lisant).

D. Qu’est-ce que l’âme de l’homme ?

R. C’est une substance spirituelle qui pense et qui raisonne.

THUILLIER.

Une substance spirituelle, c’est comme si on disait un moellon immatériel.

POIRET.

Laissez donc dire…