Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/316

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circonstances il en faut. Vous êtes un homme. Qu’y a-t-il ? en quoi ceci peut-il vous émouvoir si démesurément ?

SÉBASTIEN (à travers ses sanglots).

C’est moi qui ai perdu monsieur Rabourdin. J’ai laissé l’État que j’avais copié, j’ai tué mon bienfaiteur, j’en mourrai. Un si grand homme ! un homme qui eût été ministre !

POIRET (en se mouchant).

C’est donc vrai qu’il a fait les rapports ?

SÉBASTIEN (à travers ses sanglots).

Mais c’était pour… Allons, je vais dire ses secrets, maintenant ! Ah ! le misérable Dutocq ! c’est lui qui l’a volé…

Et les pleurs, les sanglots recommencèrent si bien que, de son cabinet, Rabourdin entendit les larmes, distingua la voix, et monta. Le chef trouva Sébastien presque évanoui, comme un Christ entre les bras de Phellion et de Poiret, qui singeaient grotesquement la pose des deux Maries et dont les figures étaient crispées par l’attendrissement.

RABOURDIN.

Qu’y a-t-il, messieurs ? (Sébastien se dresse sur ses pieds et tombe sur ses genoux devant Rabourdin.)

SÉBASTIEN.

Je vous ai perdu, monsieur ! L’État, Dutocq le montre, il l’a sans doute surpris !

RABOURDIN (calme).

Je le savais. (Il relève Sébastien et l’emmène.) Vous êtes un enfant, mon ami. (Il s’adresse à Phellion.) Où sont ces messieurs ?

PHELLION.

Môsieur, ils sont allés voir dans le cabinet de monsieur Baudoyer un état que l’on dit…

RABOURDIN.

Assez. (Il sort en tenant Sébastien. Poiret et Phellion se regardent en proie à une vive surprise et ne savent quelles idées se communiquer.)

POIRET (à Phellion).

Monsieur Rabourdin !…

PHELLION (à Poiret).

Monsieur Rabourdin !

POIRET.

Par exemple, monsieur Rabourdin !