Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/410

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mour pour expliquer l’état pathologique du banquier, en dit deux mots à Delphine de Nucingen, elle sourit en femme qui depuis long-temps sait à quoi s’en tenir sur son mari. Après dîner cependant, quand on descendit au jardin, les intimes de la maison cernèrent le banquier et voulurent éclaircir ce cas extraordinaire en entendant Bianchon affirmer que Nucingen devait être amoureux.

— Savez-vous, baron, lui dit de Marsay, que vous avez maigri considérablement ? et l’on vous soupçonne de violer les lois de la nature financière.

Chamais ! dit le baron.

— Mais si, répliqua de Marsay. On ose prétendre que vous êtes amoureux.

C’esde frai, répondit piteusement Nucingen. Chai zoubire abbrest kèque chausse t’ingonni.

— Vous êtes amoureux, vous ?… Vous êtes un fat ! dit le chevalier d’Espard.

Hêdre hâmûreusse à mon hâche cheu zai piène que rienne n’ai blis ritiquille ; mai ké foullez-vûs ? za y êde !

— D’une femme du monde ? demanda Lucien.

— Mais, dit de Marsay, le baron ne peut maigrir ainsi que pour un amour sans espoir, il a de quoi acheter toutes les femmes qui veulent ou qui peuvent se vendre.

Cheu neu la gonnès boind, répondit le baron. Et cheu buis fûs le tire buisque montame ti Nichingen ai tan lé salon. Chiskissi, cheu n’ai boin si ceu qu’edait l’amûre. L’amûre ?… jeu groid que c’esd te maicrir.

— Où l’avez-vous rencontrée, cette jeune innocente ? demanda Rastignac.

An foidire, hâ minouitte, au pois de Finzennes.

— Son signalement ? dit de Marsay.

Eine jabot de casse plange, rope rosse, eine haige-harpe plange, foile planc… eine viguire fraiment piplique ! Tes yeix de veu, eine tain t’Oriend.

— Vous rêviez ! dit en souriant Lucien.

C’est vrai, cheu tormais comme ein govre… ein govre blain, dit-il en se reprenant, gar zédaite en refenand de tinner à la gambagne te mon hâmi…

— Était-elle seule ? dit du Tillet en interrompant le Loup-cervier.