Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/582

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— Allons, vous allez vous reposer, vous trouverez votre bonne Katt…

— Oh ! monsieur, il n’y a plus de repos pour moi ! Je ne veux pas d’autre repos que celui de la tombe ; et j’irai l’attendre dans un couvent, si l’on me juge digne d’y entrer…

— Pauvre petite ! vous avez bien résisté ?

— Oui, monsieur. Ah ! si vous saviez au milieu de quelles créatures abjectes on m’a mise…

— On vous a sans doute endormie ?

— Ah ! c’est cela ! dit la pauvre Lydie. Encore un peu de force, et j’atteindrai la maison. Je me sens défaillir, et mes idées ne sont pas très nettes… Tout à l’heure je me croyais dans un jardin…

Corentin porta Lydie dans ses bras, où elle perdit connaissance, et il la monta par les escaliers.

— Katt ! cria-t-il.

Katt parut et jeta des cris de joie.

— Ne vous hâtez pas de vous réjouir ! dit sentencieusement Corentin, cette jeune fille est bien malade.

Quand Lydie eut été posée sur son lit, lorsque à la lueur de deux bougies allumées par Katt, elle reconnut sa chambre, elle eut le délire. Elle chanta des ritournelles d’airs gracieux, et tour à tour vociféra certaines phrases horribles qu’elle avait entendues ! Sa belle figure était marbrée de teintes violettes. Elle mêlait les souvenirs de sa vie si pure à ceux de ces dix jours d’infamie. Katt pleurait. Corentin se promenait dans la chambre en s’arrêtant par moments pour examiner Lydie.

— Elle paye pour son père ! dit-il. Y aurait-il une Providence ? — Oh ! ai-je eu raison de ne pas avoir de famille… Un enfant ! c’est, ma parole d’honneur, comme le dit je ne sais quel philosophe, un otage qu’on donne au malheur !…

— Oh ! dit la pauvre enfant en se mettant sur son séant et laissant ses beaux cheveux déroulés, au lieu d’être couchée ici, Katt, je devrais être couchée sur le sable au fond de la Seine…

— Katt, au lieu de pleurer et de regarder votre enfant, ce qui ne la guérira pas, vous devriez aller chercher un médecin, celui de la Mairie d’abord, puis messieurs Desplein et Bianchon… Il faut sauver cette innocente créature…

Et Corentin écrivit les adresses des deux célèbres docteurs. En ce moment, l’escalier fut grimpé par un homme à qui les marches