Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/85

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fasse chez lui, qui ne se paie au moins cinq cents francs. Comme il s’est très-bien montré dans les émeutes du 12 mai, il a été nommé Officier de la Légion-d’Honneur. Il est chef de bataillon dans la Garde nationale. Le Musée de Versailles n’a pas pu se dispenser de commander une bataille à un si excellent citoyen. Madame de Fougères adore son époux à qui elle a donné deux enfants. Ce peintre, bon père et bon époux, ne peut cependant pas ôter de son cœur une fatale pensée : les artistes se moquent de lui, son nom est un terme de mépris dans les ateliers, les feuilletons ne s’occupent pas de ses ouvrages. Mais il travaille toujours, et il se porte à l’Académie où il entrera. Puis, vengeance qui lui dilate le cœur ! il achète des tableaux aux peintres célèbres quand ils sont gênés, et il remplace les croûtes de la galerie de Ville-d’Avray par de vrais chefs-d’œuvre, qui ne sont pas de lui. On connaît des médiocrités plus taquines et plus méchantes que celle de Pierre Grassou qui, d’ailleurs, est d’une bienfaisance anonyme et d’une obligeance parfaite.

Paris, décembre 1839.