Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 12.djvu/539

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

double sanction des épreuves les plus dures et d’une constante pratique, de qui l’âme est sans tache, sans reproche, qui de la maternité n’a connu que les douleurs, de l’amour conjugal que les amertumes, à qui la vie n’a souri que pendant quelques mois, à qui le Ciel réserve sans doute quelque palme, pour prix de tant de résignation, de douceur dans les chagrins ? n’a-t-elle pas sur Job l’avantage de n’avoir jamais murmuré ? Ne vous étonnez plus de trouver sa parole si puissante, sa vieillesse si jeune, son âme si communicative, ses regards si convaincants ; elle a reçu des pouvoirs extraordinaires pour confesser les souffrances, car elle a tout souffert. Toute douleur se tait auprès d’elle.

— C’est une vivante image de la Charité ! s’écria Godefroid enthousiasmé. Serai-je des vôtres ?

— Il vous faut accepter les épreuves, et avant tout CROYEZ ! s’écria doucement le vieillard. Tant que vous n’aurez pas la foi, tant que vous n’aurez pas absorbé dans votre cœur et dans votre intelligence le sens divin de l’épître de saint Paul sur la Charité, vous ne pouvez pas participer à nos œuvres.

Godefroid baissa la tête.

Paris, 1843-1845.