Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 13.djvu/311

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SIXIÈME LIVRE,
SCÈNES DE LA VIE DE CAMPAGNE.

LE MÉDECIN DE CAMPAGNE.

Aux cœurs blessés, l’ombre et le silence.

À MA MÈRE.

CHAPITRE PREMIER.

LE PAYS ET L’HOMME.

En 1829, par une jolie matinée de printemps, un homme âgé d’environ cinquante ans suivait à cheval un chemin montagneux qui mène à un gros bourg, situé près de la Grande-Chartreuse. Ce bourg est le chef-lieu d’un canton populeux circonscrit par une longue vallée. Un torrent à lit pierreux souvent à sec, alors rempli par la fonte des neiges, arrose cette vallée serrée entre deux montagnes parallèles, que dominent de toutes parts les pics de la Savoie et ceux du Dauphiné. Quoique les paysages compris entre la chaîne des deux Mauriennes aient un air de famille, le canton à travers lequel cheminait l’étranger présente des mouvements de terrain et des accidents de lumière qu’on chercherait vainement ailleurs. Tantôt la vallée subitement élargie offre un irrégulier tapis de cette verdure que les constantes irrigations dues aux montagnes entretien-