Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 15.djvu/485

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don. Le compte de Marie de Médicis est encore plus lourd. Ni l’une ni l’autre, elles n’eurent de génie politique. Dans ces études et dans ces parallèles, l’auteur acquit la conviction de la grandeur de Catherine : en s’initiant aux difficultés renaissantes de sa position, il reconnut combien les historiens, influencés tous par les protestants, avaient été injustes pour cette reine ; et il lui en est resté les trois esquisses que voici, où sont combattues quelques opinions erronées sur elle, sur les personnages qui l’entouraient et sur les choses de son temps. Si ce travail se trouve parmi les Études philosophiques, c’est qu’il montre l’esprit d’un temps et qu’on y voit clairement l’influence de la pensée. Mais avant d’entrer dans l’arène politique où Catherine se voit aux prises avec les deux grandes difficultés de sa carrière, il est nécessaire de présenter un précis de sa vie antérieure, fait au point de vue d’une critique impartiale, afin qu’on embrasse le cours presque entier de cette vaste et royale existence, jusqu’au moment où commence la première partie de l’Étude.

Jamais il n’y eut, dans aucun temps, dans aucun pays et dans aucune famille souveraine, plus de mépris pour la légitimité que dans la fameuse maison des Medici (Méditchi), dont, en France, le nom se prononce Médicis. On y avait sur le pouvoir la même doctrine qu’aujourd’hui professe la Russie : tout chef à qui le trône va, devient le vrai, le légitime. Mirabeau avait raison de dire : « Il n’y a eu qu’une mésalliance dans ma famille, c’est celle des Médicis ; » car, malgré les efforts des généalogistes à gages, il est certain que les Médicis, avant Avérard de Médicis, gonfalonier de Florence en 1314, étaient de simples commerçants de Florence qui devinrent très-riches. Le premier personnage de cette famille, qui commence à occuper une place importante dans l’histoire de la fameuse République toscane, fut Salvestro de Médicis, devenu gonfalonier en 1378. De ce Salvestro naquirent deux fils, Cosme et Laurent de Médicis.

De Cosme sont descendus Laurent le Magnifique, le duc de Nemours, le duc d’Urbin, père de Catherine, le pape Léon X, le pape Clément VII, et Alexandre, non pas duc de Florence, comme on le dit, mais duc della città di Penna, titre donné par le pape Clément VII, comme un acheminement au titre de grand-duc de Toscane.

De Laurent sont descendus le Brutus florentin, Lorenzino qui tua le duc Alexandre ; Cosme, le premier grand-duc, et tous les sou-