Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/305

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exportées par les affinités du métal ou du silex vitrifié. Vous n’obtenez que des substances mortes d’où vous avez chassé la force inconnue qui s’oppose à ce que tout se décompose ici-bas, et dont l’attraction, la vibration, la cohésion et la polarité ne sont que des phénomènes. La vie est la pensée des corps ; ils ne sont, eux, qu’un moyen de la fixer, de la contenir dans sa route ; si les corps étaient des êtres vivants par eux-mêmes, ils seraient cause et ne mourraient pas. Quand un homme constate les résultats du mouvement général que se partagent toutes les créations suivant leur faculté d’absorption, vous le proclamez savant par excellence, comme si le génie consistait à expliquer ce qui est. Le génie doit jeter les yeux au delà des effets ! Tous vos savants riraient, si vous leur disiez : « Il est des rapports si certains entre deux êtres dont l’un serait ici, l’autre à Java, qu’ils pourraient au même instant éprouver la même sensation, en avoir la conscience, s’interroger, se répondre sans erreur ! » Néanmoins il est des substances minérales qui témoignent de sympathies aussi lointaines que celles dont je parle. Vous croyez à la puissance de l’électricité fixée dans l’aimant, et vous niez le pouvoir de celle que dégage l’âme. Selon vous, la lune, dont l’influence sur les marées vous paraît prouvée, n’en a aucune sur les vents, ni sur la végétation, ni sur les hommes ; elle remue la mer et ronge le verre, mais elle doit respecter les malades ; elle a des rapports certains avec une moitié de l’humanité, mais elle ne peut rien sur l’autre. Voilà vos plus riches certitudes. Allons plus loin ! Vous croyez à la Physique ? Mais votre physique commence comme la religion catholique, par un acte de foi. Ne reconnaît-elle pas une force externe, distincte des corps, et auxquels elle communique le mouvement ? Vous en voyez les effets, mais qu’est-ce ? où est-elle ? quelle est son essence, sa vie ? a-t-elle des limites ? Et vous niez Dieu !…

Ainsi, la plupart de vos axiomes scientifiques, vrais par rapport à l’homme, sont faux par rapport à l’ensemble. La science est une, et vous l’avez partagée. Pour savoir le sens vrai des lois phénoménales, ne faudrait-il pas connaître les corrélations qui existent entre les phénomènes et la loi d’ensemble ? En toute chose, il est une apparence qui frappe vos sens ; sous cette apparence, il se meut une âme : il y a le corps et la faculté. Où enseignez-vous l’étude des rapports qui lient les choses entre elles ? Nulle part. Vous n’avez donc rien d’absolu ? Vos thèmes les plus certains re-