Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/420

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 Pourquoi ne pas avoir une perruque bien faite qui tromperait complétement les gens ? Il y a je ne sais quel mérite à duper tout le monde ; puis, une perruque tient chaud, elle empêche les rhumes, etc.

QUATRIÈME ÉPOQUE. — La perruque est si adroitement mise que vous attrapez tous ceux qui ne vous connaissent pas.

La perruque vous préoccupe, et l’amour-propre vous rend tous les matins le rival des plus habiles coiffeurs.

CINQUIÈME ÉPOQUE. — La perruque négligée. — Dieu ! que c’est ennuyeux d’avoir à se découvrir la tête tous les soirs, à la bichonner tous les matins !

SIXIÈME ÉPOQUE. — La perruque laisse passer quelques cheveux blancs ; elle vacille, et l’observateur aperçoit sur votre nuque une ligne blanche qui forme un contraste avec les nuances plus foncées de la perruque circulairement retroussée par le col de votre habit.

SEPTIÈME ÉPOQUE. — La perruque ressemble à du chiendent, et (passez-moi l’expression) vous vous moquez de votre perruque !…

— Monsieur, me dit une des puissantes intelligences féminines qui ont daigné m’éclairer sur quelques-uns des passages les plus obscurs de mon livre, qu’entendez-vous par cette perruque ?…

— Madame, répondis-je, quand un homme tombe dans l’indifférence à l’endroit de la perruque, il est… il est… ce que votre mari n’est probablement pas.

— Mais, mon mari n’est pas… (Elle chercha.) Il n’est pas… aimable ; il n’est pas… très-bien portant ; il n’est pas… d’une humeur égale ; il n’est pas…

— Alors, madame, il serait donc indifférent à la perruque.

Nous nous regardâmes, elle avec une dignité assez bien jouée, moi avec un imperceptible sourire. — Je vois, dis-je, qu’il faut singulièrement respecter les oreilles du petit sexe, car c’est la seule chose qu’il ait de chaste. Je pris l’attitude d’un homme qui a quelque chose d’important à révéler, et la belle dame baissa les yeux comme si elle se doutait d’avoir à rougir pendant ce discours.

— Madame, aujourd’hui l’on ne pendrait pas un ministre, comme jadis, pour un oui ou un non ; un Châteaubriand ne torturerait guère Françoise de Foix, et nous ne portons plus au côté une longue épée prête à venger l’injure. Or, dans un siècle où la civilisation a fait des progrès si rapides, où l’on nous apprend la