Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/434

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le serment de défendre votre bonheur en défendant votre femme, que pouvez-vous opposer à ces désirs si naturels chez elle ?… car pour ces créatures de feu, vivre, c’est sentir ; du moment où elles n’éprouvent rien, elles sont mortes. La loi en vertu de laquelle vous marchez produit en elles ce minotaurisme involontaire. — « C’est, disait d’Alembert, une suite des lois du mouvement ! » Eh ! bien, où sont vos moyens de défense ?… Où ?

Hélas ! si votre femme n’a pas encore tout à fait baisé la pomme du Serpent, le Serpent est devant elle ; vous dormez, nous nous réveillons, et notre livre commence.

Sans examiner combien de maris, parmi les cinq cent mille que cet ouvrage concerne, seront restés avec les prédestinés ; combien se sont mal mariés ; combien auront mal débuté avec leurs femmes ; et sans vouloir chercher si, de cette troupe nombreuse, il y en a peu ou prou qui puissent satisfaire aux conditions voulues pour lutter contre le danger qui s’approche, nous allons alors développer dans la Seconde et la Troisième Partie de cet ouvrage les moyens de combattre le minotaure et de conserver intacte la vertu des femmes. Mais, si la fatalité, le diable, le célibat, l’occasion veulent votre perte, en reconnaissant le fil de toutes les intrigues, en assistant aux batailles que se livrent tous les ménages, peut-être vous consolerez-vous. Beaucoup de gens ont un caractère si heureux, qu’en [eu] leur montrant la place, leur expliquant le pourquoi, le comment, ils se grattent le front, se frottent les mains, frappent du pied, et sont satisfaits.

MÉDITATION IX.

ÉPILOGUE.

Fidèle à notre promesse, cette Première Partie a déduit les causes générales qui font arriver tous les mariages à la crise que nous venons de décrire ; et, tout en traçant ces prolégomènes conjugaux, nous avons indiqué la manière d’échapper au malheur, en montrant par quelles fautes il est engendré.

Mais ces considérations premières ne seraient-elles pas incomplètes si, après avoir tâché de jeter quelques lumières sur l’inconséquence de nos idées, de nos mœurs et de nos lois, relativement à une question qui embrasse la vie de presque tous les êtres, nous ne cherchions pas à établir par une courte péroraison les causes