Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/134

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mille francs dépensés ou à dépenser pour madame Marneffe. Enfin, où le baron avait-il pris les trente mille francs qu’il venait d’apporter ? Voici comment. Quelques jours auparavant, Hulot était allé se faire assurer pour une somme de cent cinquante mille francs et pour trois ans par deux compagnies d’assurances sur la vie. Muni de la police d’assurance dont la prime était payée, il avait tenu ce langage à monsieur le baron de Nucingen, pair de France, dans la voiture duquel il se trouvait, au sortir d’une séance de la Chambre des Pairs, en retournant dîner avec lui.

— Baron, j’ai besoin de soixante-dix mille francs, et je vous les demande. Vous prendrez un prête-nom à qui je déléguerai pour trois ans la quotité engageable de mes appointements, elle monte à vingt-cinq mille francs par an, c’est soixante-quinze mille francs. Vous me direz :  — Vous pouvez mourir.

Le baron fit un signe d’assentiment.

— Voici une police d’assurance de cent cinquante mille francs qui vous sera transférée jusqu’à concurrence de quatre-vingt mille francs, répondit le baron en tirant un papier de sa poche.

— Et si fus êdes tesdidué ?… dit le baron millionnaire en riant.

L’autre baron, anti-millionnaire, devint soucieux.

— Rassirez fus, che né fus ai vait l’opjection que bir fus vaire abercevoir que chai quelque méride à fus tonner la somme. Fus êdes tonc pien chêné, gar la Panque à fôdre zignadire.

— Je marie ma fille, dit le baron Hulot, et je suis sans fortune, comme tous ceux qui continuent à faire de l’administration, par une ingrate époque où jamais cinq cents bourgeois assis sur des banquettes ne sauront récompenser largement les gens dévoués comme le faisait l’Empereur.

— Allons, fus affez ei Chosépha ! reprit le pair de France, ce qui egsblique dut ! Endre nus, la tuc t’Hérufille fus a renti ein vier zerfice en fus ôdant cedde zangsie-là te tessis fodre pirse.

 Chai gonni ce malhir, et chi zai gombadir.

ajouta-t-il en croyant réciter un vers français. Égoudez ein gonzèle t’ami : Vermez fôdre pudique, u fis serez tégomé

Cette véreuse affaire se fit par l’entremise d’un petit usurier