Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/141

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dans la situation où se trouvait Valérie, faisaient entrevoir au baron les roses du septième ciel. Aussi, Valérie fit-elle des façons, tandis que l’amoureux artiste et Hortense attendaient peut-être impatiemment que la baronne eût donné sa dernière bénédiction et son dernier baiser à la jeune fille.

À sept heures du matin, le baron, au comble du bonheur, car il avait trouvé la jeune fille la plus innocente et le diable le plus consommé dans sa Valérie, revint relever monsieur et madame Hulot jeune de leur corvée. Ces danseurs et ces danseuses, presque étrangers à la maison, et qui finissent par s’emparer du terrain à toutes les noces, se livraient à ces interminables dernières contredanses nommées des cotillons, les joueurs de bouillote étaient acharnés à leurs tables, le père Crevel gagnait six mille francs.

Les journaux, distribués par les porteurs, contenaient aux Faits-Paris ce petit article :

« La célébration du mariage de monsieur le comte de Steinbock et de mademoiselle Hortense Hulot, fille du baron Hulot d’Ervy, Conseiller-d’État et directeur au Ministère de la guerre, nièce de l’illustre comte de Forzheim, a eu lieu ce matin à Saint-Thomas-d’Aquin. Cette solennité avait attiré beaucoup de monde. On remarquait dans l’assistance quelques-unes de nos célébrités artistiques : Léon de Lora, Joseph Bridau, Stidmann, Bixiou, les notabilités de l’administration de la Guerre, du Conseil-d’État, et plusieurs membres des deux Chambres ; enfin les sommités de l’émigration polonaise, les comtes Paz, Laginski, etc.

» Monsieur le comte Wenceslas de Steinbock est le petit-neveu du célèbre général de Charles XII, roi de Suède. Le jeune comte ayant pris part à l’insurrection polonaise, est venu chercher un asile en France, où la juste célébrité de son talent lui a valu des lettres de petite naturalité. »

Ainsi, malgré la détresse effroyable du baron Hulot d’Ervy, rien de ce qu’exige l’opinion publique ne manqua, pas même la célébrité donnée par les journaux au mariage de sa fille, dont la célébration fut en tout point semblable à celui de Hulot fils avec mademoiselle Crevel. Cette fête atténua les propos qui se tenaient sur la situation financière du directeur, de même que la dot donnée à sa fille expliqua la nécessité où il s’était trouvé de recourir au crédit.

Ici se termine en quelque sorte l’introduction de cette histoire. Ce récit est au drame qui le complète, ce que sont les prémisses à