Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/313

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entre la rue Louis-le-Grand et la rue de la Paix fructifia tardivement ; il se nettoya, s’embellit avec tant de peine, que le Commerce ne vint étaler là qu’en 1840 ses splendides devantures, l’or des changeurs, les féeries de la mode et le luxe effréné de ses boutiques. Malgré deux cent mille francs offerts à sa fille par Crevel dans le temps où son amour-propre était flatté de ce mariage et lorsque le baron ne lui avait pas encore pris Josépha ; malgré deux cent mille francs payés par Victorin en sept ans, la dette qui pesait sur l’immeuble s’élevait encore à cinq cent mille francs, à cause du dévouement du fils pour le père. Heureusement l’élévation continue des loyers, la beauté de la situation, donnaient en ce moment toute leur valeur aux deux maisons. La spéculation se réalisait à huit ans d’échéance pendant lesquels l’avocat s’était épuisé à payer des intérêts et des sommes insignifiantes sur le capital dû. Les marchands proposaient eux-mêmes des loyers avantageux pour les boutiques, à condition de porter les baux à dix-huit années de jouissance. Les appartements acquéraient du prix par le changement du centre des affaires, qui se fixait alors entre la Bourse et la Madeleine, désormais le siége du pouvoir politique et de la finance à Paris. La somme remise par le ministre, jointe à l’année payée d’avance et aux pots-de-vin consentis par les locataires, allaient réduire la dette de Victorin à deux cent mille francs. Les deux immeubles de produit entièrement loués devaient donner cent mille francs par an. Encore deux années, pendant lesquelles Hulot fils allait vivre de ses honoraires doublés par les places du maréchal, il se trouverait dans une position superbe. C’était la manne tombée du ciel. Victorin pouvait donner à sa mère tout le premier étage du pavillon, et à sa sœur le deuxième, où Lisbeth aurait deux chambres. Enfin, tenue par la cousine Bette, cette triple maison supporterait toutes ses charges et présenterait une surface honorable, comme il convenait au célèbre avocat. Les astres du Palais s’éclipsaient rapidement ; et Hulot fils, doué d’une parole sage, d’une probité sévère, était écouté par les juges et par les conseillers ; il étudiait ses affaires, il ne disait rien qu’il ne pût prouver, il ne plaidait pas indifféremment toutes les causes, il faisait enfin honneur au barreau.

Son habitation, rue Plumet, était tellement odieuse à la baronne, qu’elle se laissa transporter rue Louis-le-Grand. Par les soins de son fils, Adeline occupa donc un magnifique appartement ; on lui sauva tous les détails matériels de l’existence, car Lisbeth accepta